About True Things



Perturber la vie quotidienne des arbres et des bêtes, ôter la vie aux arbres et aux bêtes  (sauf lorsque cela s’avérait nécessaire pour satisfaire des besoins essentiels tels que s’abriter et se nourrir), provoquer l’extinction d’espèces entières d’arbres et de bêtes relevait de l’arrogance et du sacrilège, et c’était en fin de compte comme balancer un boomerang suffisamment tranchant pour que cela revienne à se suicider. Les plantes et les animaux - et peut-être même les minéraux et les objets inanimés - étaient nos associés. Et de plus, c’étaient eux, les associés principaux, pas nous, en raison de leur expérience et de leur perfection. L’humanité avait beaucoup à apprendre des plantes, en particulier des vignes et des champignons psychotropes; en fait, si l’humanité espérait évoluer suffisamment vite pour ne pas se laisser distancer sur le plan philosophique par ses propres avancées technologiques, il se pourrait bien que les visions immédiates et post-verbales suscitées par les végétaux psychotropes soient notre seule voie de salut. En tout cas, toute civilisation possédant des chances légitimes de survie se devait de prendre en considération le bien-être et les souhaits des non-humaines, bien que le problème ne fût pas seulement d’ordre pragmatique, mais aussi moral et esthétique. L’humanité était une fonction de la nature. Elle ne pouvait donc pas vivre séparée de la nature, à moins de se lancer dans une mascarade aveugle. Elle ne pouvait pas vivre en opposition avec la nature, à moins de commettre un crime schizophrène. Et elle ne pouvait pas refuser de voir les merveilles de la nature sans se transformer en quelque chose de trop monstrueux pour qu’on puisse l’aimer.

© tom robbins - extrait de "jambes fluettes, etc."

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